Swot observe des ondes venant d'un glissement de terrain dans un fjord
Image du mois - novembre 2024
Un signal sismique mondial d'une durée de 9 jours a été détecté en septembre 2023. Le signal est réapparu en octobre 2023. Des études scientifiques ont permis de localiser les signaux dans le même fjord de l'est du Groenland et de constater qu'ils ont commencé après deux glissements de terrain et les tsunamis qui en ont résulté. Ces recherches ont suggéré que le signal était produit par une vague stationnaire se déplaçant dans le fjord, mais aucune observation directe n'a été faite du phénomène. Fait fascinant, bien que la vague ait secoué la Terre entière, elle n'a pas été observée par l’armée danoise lors de son expédition dans le fjord le 19 septembre (4 jours après l'événement initial). C'est une conséquence de la longue période et de la faible amplitude. De telles vagues stationnaires dans des plans d'eau fermés sont appelées seiches. Elles sont couramment observées dans les lacs, les ports et les baies et peuvent être produites par des ondes sismiques, des vents ou des oscillations de la pression atmosphérique. La persistance d'une seiche dans un bassin fermé pendant une telle durée n'avait jamais été observée auparavant.
Swot a survolé la zone une demi-journée après le premier glissement de terrain, le 16 septembre 2023, puis 1,5 et 4,8 jours après. Il a également survolé l'événement du 11 octobre une demi-journée plus tard. Le satellite acquiert des données en mode haute résolution (hydrologie) sur le Groenland, y compris ses fjords. Ainsi, les variations de la hauteur de mer ont pu être récupérées à partir des mesures sur les eaux du fjord, estimées à un maximum de 7.9 m avec une pente transversale au fjord. Les comparaisons avec les estimations des marées dérivées des données Swot, à l'aide d'une approche empirique spécialisée, et avec les mesures in situ de la force et de la direction du vent ont permis d'exclure ces dernières comme étant à l'origine de l'observation Swot.
L'utilisation de ces observations dans la modélisation des seiches peut aider à mieux comprendre ces phénomènes et à prévoir leur propagation dans des cas extrêmes comme celui-ci. La possibilité d'extraire la hauteur de mer dans un fjord à partir des données Swot est également une perspective intéressante, d'autant plus que ces endroits sont souvent ceux où les effets du changement climatique se font le plus sentir en raison de l'augmentation de la fonte des glaces ou des glissements de terrain, et que les mesures in situ sont extrêmement rares.
Voir aussi :
- Missions : Swot
- Applications : Océan côtier
Autres sites sur ce thème :
Références :
- Thomas Monahan, Tianning Tang, Stephen Roberts, Thomas A. A. Adcock, First observations of the seiche that shook the world, https://doi.org/10.48550/arXiv.2411.02469 (preprint, submitted to Nature Geoscience)
Monahan, Thomas, et al. "Tidal and mean sea surface corrections from and for Swot using a spatially coherent variational Bayesian harmonic analysis." Authorea Preprints (2024). https://doi.org/10.22541/essoar.172072179.92243659/v1 (preprint, submitted to JGR: Oceans)
Kristian Svennevig et al. A rockslide-generated tsunami in a Greenland fjord rang Earth for 9 days.Science385,1196-1205(2024).https://doi.org/10.1126/science.adm9247